Actualités - 10 décembre 2018
Ecrit par Tristan Lebleu
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En 2015, lors de la COP21, le monde était parvenu à un accord - à Paris - dans lequel les pays riches s'engageaient à fournir 100 milliards de dollars par an pour le financement du climat aux nations les plus pauvres d'ici 2020. Cet accord écrit a constitué une étape majeure. Cependant, on n'a pas dit grand-chose sur la manière dont les fonds seraient versés, raison pour laquelle l'argent a été au cœur de la COP24 à Katowice, parfois appelée "Paris 2.0". "Lefinancement du climat est un élément essentiel de l'accord de Paris, et si vous n'avez pas cela, l'accord mondial ne fonctionnepas", a déclaré Simon Wilson, responsable de la communication du Fonds vert pour le climat, rencontré au stand du FGC lors de la COP24.
Le financement du climat comprend tous les types de financement destinés à aider les pays en développement à faire deux choses : la transition vers des économies propres et l'adaptation aux effets du changement climatique. "Il y a un impératif moral auquel nous devonsfaire face", ajoute Simon Wilson. En effet, depuis 150 ans, les pays développés émettent sans relâche des émissions de carbone lors de leur industrialisation, qui ont maintenant des répercussions massives sur le monde en développement. Aujourd'hui, ces derniers demandent aux premiers de payer pour le nettoyage.
"C'est aussi une question de solidarité mondiale. Il ne sert à rien de prendre des mesures contre le changement climatique si vous ne le faites pas dans le monde entier. Les GES ne sont pas confinés à une seule partie de l'atmosphère. Cela signifie donc que nous devons nous assurer que tout le monde peut agir ensemble. Concrètement, les pays en développement n'ont pas les ressources nécessaires pour effectuer ces transitions, à moins que nous ne leur fournissions un financement.Lefinancement du climat consiste à s'assurer qu'ils peuvent réaliser ces transformations", explique Simon Wilson.
Aujourd'hui, les négociations sur le financement climatique sont bloquées dans deux grandes discussions : combien d'argent est mis sur la table, et ce qui est exactement pris en compte dans le calcul. Selon un rapport de l'OCDE, le financement public du climat des pays développés vers les pays en développement est passé de 37,9 milliards de dollars en 2013 à 54,5 milliards de dollars en 2017. Mais ce rapport a été accueilli avec beaucoup de critiques, en particulier de la part des grandes économies en développement, comme la Chine, le Brésil, l'Afrique du Sud et l'Inde. Comme Romain Weikmans et Timmons Roberts l'affirment dans un article de Brookings, "le nouveau rapport de l'OCDE confirme notre conviction qu'il n'y a toujours pas de chiffre auquel on pourrait arriver qui serait crédible pour toutes les parties aux négociations sur le climat. Eneffet, la question de savoir ce qui constitue un "financement climatique" n'a toujours pas fait l'objet d'un accord international dans le cadre de la CCNUCC".
Compter les milliards et se disputer sur ce qui devrait ou ne devrait pas être considéré comme du financement climatique, c'est en fait passer à côté de l'essentiel. Lors de la COP24, Patricia Espinosa a exhorté les pays développés à tenir leurs promesses : "Nous devons faire davantage d'efforts pour augmenter les flux financiers destinés au climat tout en réduisant les financements et les investissements dans les activités à fortes émissions, et nous devons le faire de toute urgence. Nous n'avons plus le luxe de disposer de temps".
L'atténuation du changement climatique et l'adaptation à celui-ci ont le potentiel de lancer une nouvelle révolution industrielle ou, comme certains le disent, un nouveau "Green Deal". Dans une lettre ouverte de Bertrand Piccard, il s'est adressé aux négociateurs de la COP24 en disant "Grâce aux développements technologiques, la lutte contre le réchauffement climatique n'est plus une contrainte. Bien au contraire, elle est devenue une immense opportunité".
Pour comprendre à quel point les flux de financement du climat sont complexes, Jocelyn Timperley, de Carbon Brief, a écrit cet article complet : Interactif : comment le financement du climat "circule" dans le monde".
"Ce diagramme montre le montant annuel moyen du financement climatique donné par chaque pays de l'OCDE en moyenne en 2015 et 2016, et où cet argent est allé. Les pays donateurs sont énumérés dans la partie gauche du diagramme. Le côté droit montre les montants qui ont été versés aux pays ou régions bénéficiaires", explique Jocelyn.
Crédit : Une visualisation de données florissantesEcrit par Tristan Lebleu le 10 décembre 2018