Opinion - 1 juin 2020
Ecrit par Bertrand Piccard 3 min de lecture
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La crise du COVID-19 n'est pas terminée. De nombreuses personnes en souffrent encore, et pourtant des voix s'élèvent déjà pour réclamer un retour à la normale. Mais qu'est-ce que la normalité ? Avant la crise, la situation était-elle "normale" ? Notre société était fragile, notre mode de vie n'était pas durable et créait des inégalités. Déjà touchées par le changement climatique, nos économies sont maintenant gravement menacées par une fièvre virale.
Est-ce vraiment la société à laquelle nous voulons revenir ? Si la crise débouche sur un nouveau monde, à quoi ressemblera-t-il ? Partout, les tribunes, les analyses et les opinions sur ces questions essentielles fleurissent, comme s'il suffisait de le souhaiter pour que cela arrive.
Nous, la Fondation Solar Impulse et les entreprises qui la soutiennent, ne nous contentons pas de souhaiter un monde plus durable, nous nous engageons à le mettre en œuvre nous-mêmes par des actions très concrètes.
Les partenaires de la Fondation Solar Impulse représentent plus d'un million d'emplois dans le monde et une part considérable de l'économie mondiale. Nos activités permettent aux gens de se nourrir et de se vêtir, de se déplacer, de voyager et de se divertir, de vivre des expériences, de se chauffer. Nous fabriquons des équipements de santé, des produits d'usage courant et des produits de luxe, des matières premières et des pneus ; nous gérons des produits financiers et construisons des infrastructures ; nous fournissons de l'énergie et aidons les gens à l'utiliser efficacement.
En tant qu'acteurs majeurs du monde économique et industriel, nous sommes pleinement conscients de notre rôle dans la société. C'est pourquoi nous ferons tout pour construire un monde meilleur après cette crise, un monde plus propre, plus durable, plus juste, plus efficace, plus respectueux de la biodiversité et du climat. Malgré la crise qui nous frappe, comme des milliers d'autres entreprises, nous nous engageons à atteindre nos objectifs sociaux et environnementaux, en favorisant une alimentation durable et abordable, les énergies renouvelables, les produits issus du commerce équitable, la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, les processus d'économie circulaire et l'efficacité des ressources.
Comment allons-nous nous y prendre ? Nous utiliserons les technologies propres qui se développent dans le monde entier - des technologies que la Fondation Solar Impulse sélectionne, soutient et promeut depuis plusieurs années à travers son Défi 1000 Solutions. Elles sont des milliers, dans les domaines de l'eau, de l'énergie, des infrastructures, de la mobilité, des processus industriels, de la production agricole.
"Le marché industriel du siècle est de remplacer les systèmes anciens et polluants par des systèmes modernes, propres et efficaces"Bertrand Piccard, Président de la Fondation Solar Impulse
Nous prenons cet engagement autant pour l'économie que pour la planète. En effet, ces technologies propres ne sont pas seulement bénéfiques pour l'environnement, elles sont devenues financièrement rentables. En nous permettant de consommer des énergies renouvelables moins coûteuses, en rendant nos processus industriels plus efficaces, en réduisant les déchets et la pollution, en améliorant le recyclage, ces solutions propres et rentables sont un formidable levier de croissance économique qualitative plutôt que quantitative. Elles rendent possible un nouveau système économique fondé sur le remplacement des produits et des processus polluants par des produits et des processus efficaces et durables - un système dans lequel nous consommons mieux, plutôt que de consommer plus.
Notre vision commune est celle d'un monde qui n'oppose plus les intérêts des militants environnementaux à ceux des grands acteurs économiques et industriels. Nous avons les mêmes objectifs : créer des emplois, participer au bien-être social et améliorer la qualité de vie sur cette planète.
Même si certains se réjouissent que l'arrêt des activités humaines dû à la pandémie ait permis de réduire la pollution, la situation actuelle est un parfait exemple de la façon dont un ralentissement économique peut être désastreux pour des millions de personnes. Notre objectif commun est de construire un monde dans lequel la prospérité de nos sociétés va de pair avec celle de notre planète.
Les technologies pour y parvenir existent ; nous commençons déjà à les utiliser. Mais nous avons besoin qu'elles se généralisent. C'est pourquoi nous appelons unanimement les gouvernements à mettre en œuvre des politiques environnementales ambitieuses, avec des stratégies claires et des trajectoires sectorielles qui nous donnent la sécurité nécessaire pour investir dans l'avenir. Le cadre juridique et législatif doit éviter les distorsions de concurrence entre ceux qui font preuve d'un esprit pionnier et ceux qui continuent à agir comme si la crise environnementale n'existait pas.
La crise du COVID-19, bien que terrible, est une opportunité pour reconstruire un nouveau modèle économique et industriel durable. Nous, la Fondation Solar Impulse et ses partenaires, nous engageons à le mettre en œuvre et vous invitons à faire de même.
Ce commentaire est co-écrit par les partenaires de la Fondation Solar Impulse :
Bernard ArnaultBernard Arnault, président-directeur général, LVMHPierre-Etienne
Bindschedler, directeur général, SOPREMAJean-Laurent
Bonnafé, directeur général, BNP ParibasJean-Pierre
Clamadieu, président du conseil d'administration, ENGIEIlham
Kadri, directeur général, président du comité exécutif, SolvayGeorges
Kern, directeur général, BreitlingFlorent
Menegaux, PDG, Michelin et Président, Movin'OnBenoît
Potier, Président-directeur général, Air LiquideAnne
Rigail, PDG, Air FranceMark
Schneider, PDG, NestléMarkus
Steilemann, PDG, CovestroJean-Pascal
Tricoire, Président-directeur général, Schneider Electric
Bertrand Piccard est président de la Fondation Solar Impulse.
Cette tribune a été publiée à l'origine dans le Financial Times. Lire la version originale.
Ecrit par Bertrand Piccard le 1 juin 2020